A U T R E S T E X T E S
La démarche
L’ensemble de ma pratique artistique est auto référentielle et en même temps contextuelle. Il s’agit d’une pratique féministe qui dialogue avec des enjeux d’actualité comme la migration, la violence du genre, la censure dans l’art, la décolonisation dans et par l’art.
Au départ, je questionne le corps comme territoire redéfini par les slogans commerciaux, la mémoire religieuse et les normes institutionnelles. Je m’attache à observer plus précisément la définition de ce corps dans des contextes interculturels où les identités des individus se recomposent constamment. Cette exploration s’élabore par l’entremise de personnages de fiction : la première, appelée Corazón Desfasado est une figure composite empruntant à l’iconographie religieuse et à la pornographie; l’autre Fritta Caro est un collage entre une athlète canadienne et l’image clichée de la femme artiste latino-américaine; et, Frida Kahlo, le dernier personnage est un monstre, une hybridation, une femme éléphant.
Dans mon processus de création, la maison est atelier et sujet de recherche. Par sa complexité symbolique, je compare « la maison » à un réseau architectural dont la disposition des pièces et des couloirs rend difficile l’orientation dans l’espace. Pour cette raison, l’ensemble de mes œuvres s’élabore au sein d’un labyrinthe, habité par ces trois entités. À l’intérieur de ce dédale, elles se parlent, elles se jugent, elles rient d’elles-mêmes.
La première pièce que j’examine est la préférée de Corazón Desfasado, la salle de bain. Par une approche transdisciplinaire, je cherche à exprimer la complexité de la vie d’une « sainte », dans ce lieu de solitude où les soucis de propreté riment avec pureté; la quête de la beauté s’harmonise avec la douleur et le sacrifice; l’identification aux modèles préfabriqués mène à l’aliénation de soi. Dans son cheminement vers le salut de son âme, la sainte hyper médiatique partage publiquement ses formules de rédemption à travers des apparitions toujours miraculeuses, par l'entremise de la vidéo, de la cyber-performance et d’un site web qui documente son culte.
La deuxième pièce de ce labyrinthe est le salon. C’est le lieu d’appartenance de Fritta Caro quise développe sous le concept de la rencontre. Ici, les confrontations des identités engendrées par les contacts sociaux ont donné lieu à la naissance de La visite. Ce volet se compose de performances dans l’espace public, d’installations, de récits migratoires, de conférences, d’entrevues décolonisatrices; et, d’un tutoriel d’amour et d’altérité : L’Altéro(s)philie de Fritta Caro.
L’incarnation de ces deux personnages de fiction m’a permis d’élargir ma démarche en introduisant la question de la reconstruction de l’identité dans l’intime. La chambre à coucher est alors devenue l’atelier de La femme éléphant. Ce personnage s’avère être une forme d’autodérision vis-à-vis de mes propres déceptions. Elle me permet de remettre en question les archétypes de genre, très présents dans ma culture d’origine et dans les médias de masse contemporains. Ces modèles, qui valorisent la culpabilité, la soumission et le conformisme des femmes et des hommes sont apparus à travers ce personnage de la femme éléphant. Elle veut contester le rapport de pouvoir au sein du couple, en même temps qu’elle veut exprimer le désir de repenser d’autres identités.
EL DESPECHO une autre démarche par une femme éléphante 2013
De la trahison au despecho1, une femme éléphant surgit du deuil et de ses suites, en outre la recherche d’expressions et d’actions efficaces pour surmonter la déception. Elle se réapproprie ce sentiment, associé spontanément au domaine de l’amour, pour mettre en relief son rapport amoureux avec ses attentes frustrées dans d’autres sphères où se troublent la personnalité et l’identité. Il en est ainsi par exemple du rapport qui s’établit avec le territoire d’immigration et des difficultés qui se présentent aux artistes pour poursuivre leurs pratiques. Dès lors, une femme éléphant se multiplie pour vivre le despecho dans trois univers différents; elle est une femme qui questionne les rôles et le genre à l’intérieur du couple; elle est une immigrante qui doute de la possibilité d’une rencontre authentique interculturelle; elle est une artiste révoltée par les mécanismes de séduction de certains discours artistiques.
(despecho1 Il s’agit d’un état de peine profonde après une rupture, la plupart du temps amoureuse. Durant cet état qui peut durer des jours, des semaines ou des années, la personne peut éprouver des sensations physiques désagréables, mais surtout, expérimenter de façon intermittente, mais intense, des sentiments de mépris, d’amertume, de dépit, d’abandon, de malveillance, de haine, de désespoir. La personne atteinte de despecho peut devenir impulsive et vouloir s’évader dans l’alcool ou dans d’autres addictions. Perdant sa capacité de percevoir l’avenir, elle se réfugie dans la nostalgie. La musique s’avère alors un remède à la fois calmant et exorciseur de cet état qui s’empare du corps et de la pensée du despechado. En Amérique hispanophone, plusieurs auteurs-compositeurs-interprètes sont reconnus comme des autorités en matière de musique spécialisée pour cette occasion).
(révision linguistique par m tintamar)
LES PRIÈRES de Corazón Desfasado
(Visitez http://corazondesfasado.com/)
Pour tes chaînes et ta gaine, pour ta poitrine en porcelain
La Contra. Prière contre la censure dans l’art
La contra, versión en español
SFUMATO 5 nouvelle prière miraculeuse de Corazón Desfasado
SFUMATO 4 oración poderonsa, plegaria milagrosa
Cybertransfiguration, la prière
Sacre installation hyper messianique, la prière
Oraisons jaculatoires pour artistes visuels
Appel au secours
Amour
Argent
Amor verdadero (Espagnol)
Éxito y dinero (Espagnol)
Prière pour une performance authentique
Auxilio cartagenero I (Espagnol)
Prières gérerées par les fidèles
Génératrice des prières personnalisées "souhaits.corazondesfasado.com"
LES RÉCITS
de Fritta Caro
Tutoriel Altéro(s)philie de Fritta Caro 2020 >>
*Lecture du tutoriel >>
English >>
La Biographie 2009
Fritta Caro représente l’adaptation identitaire forcée : résidente permanente ou nouvelle citoyenne canadienne, elle porte une mémoire, une logique et des raisons existentielles inconnues par le gouvernement et la société d’accueil. Comme Cœur déphasé, son image laisse transparaître l’incohérence d’un cheminement d’intégration superficiel et l’adoption d’une identité factice.
“Mon nom est une affirmation. Fritta Caro surprend à celui qui ne me connait pas. On sourit. On se questionne. On me questionne et là, on parle d’art, de Frida et de moi. J’ai choisi le nom Fritta Caro comme une déclaration, comme une piste. J’ai toujours trouvé mon nom de naissance trop long, trop sucré, trop doux, trop féminin. Avec ce choix, on m’a dompté. Comme artiste, depuis que j’expose à Montréal, à plusieurs reprises, on a associé ma pratique à l’œuvre de Frida Khalo, ce qui a provoqué l’expression: « Frida me tiene frita » (Frida m’a frite). C’est pourquoi j’ai choisi le prénom Fritta, qui a la force et l’exotisme de Frida, l’artiste, et de l’adjectif qualificatif « frite », aux connotations de « flambé, frit, cuit », « foutu ». Le nom Caro s’est imposé ensuite par sa sonorité mais aussi par la signification « dispendieux »; payer cher pour quelque chose. Quoi ? Je ne suis pas sûre. Peut-être c’est le prix de l’immigration ou de l’innocence, ou le fait d’ignorer les codes locaux, ou le fait de ne pas intégrer une esthétique particulière. Peut-être que mes images ne dévoilent pas la maîtrise des langages visuels dominants dans le contexte artistique régional. Est-ce que mon travail n’est pas assez hybride? Alors, par manque de références, Frida Kahlo apparaît comme l’unique modèle et devient un filtre qui empêche d’aller plus loin dans la compréhension et l’appréciation de mon travail. Mes propositions se noient avant d’arriver.
C’est ainsi que Fritta Caro est le résultat d’un stéréotype imposé. Tous ceux qui me voient à travers Frida Kahlo sont en train de m’inventer. Je suis leur invention, habitée par le spectre de l’artiste mexicaine. En fin, Fritta Caro est le questionnement d’un cliché, devenu barrière pour une connaissance plus authentique d’autres femmes, d’autres artistes latino-américaines.”
À la CENTRALE CRÈMERIE. (2010)
On s’est rencontrés à 8h20 à Romolo, une cafétéria près de l’école de nos enfants. En chemin pour Ste-Thérèse, on parle du projet. Il me pose des questions : « Comment va se dérouler l’action ? Quels types de photos aimerais-tu que je prenne ? » Je lui explique qu’il s’agit de documenter l’événement, mais je ne donne pas plus des directives. Je fais confiance à son expérience, à son intuition. On a juste une barrière, la gêne des autres, un public non averti, les consommateurs.
On arrive tôt au casse-croûte. On doit attendre la propriétaire pour discuter des conditions, négocier nos limites. On visite l’endroit. Il est simple et familial, un casse-croûte typiquement québécois : des nappes de pique-nique rouges et blanches, des murs aux couleurs pastels. Au menu : hamburger, hot-dog, poutine et plat du jour. Dans une petite salle, au fond, un paysage a été peint sur le mur. Ainsi, encadré par une fausse fenêtre, apparaît une vue sur un lac, attristée par un ciel gris, comme un de ces jours de la fin de l’été.
Marcel est très enthousiaste. Il explore le lieu, quoique petit. Il me suggère des endroits stratégiques pour la prise de photos. Je suis tout de suite d’accord. Il est 10h, encore très tôt pour commencer. On prend place à une table, on commande un café filtre, en attendant que le temps passe. On commence à bavarder. On raconte des histoires personnelles sur nos origines. En l’écoutant, je comprends que « la visite » est commencée.
Marcel est né à Zug en Suisse, en 1968. Comme moi, c’est un singe, dans le calendrier chinois. La famille de son père, d’origine suisse-allemande, a émigré pendant la seconde guerre mondiale et le désir fou de commencer une autre vie les a menés jusqu’au Québec, soit l’autre bout du monde, à cette époque-là. C’est à Montréal, durant une danse sociale, que les parents de Marcel se sont rencontrés. Sa mère est une québécoise de souche, qui a grandi à l’est de l’île, avec ses sept frères et soeurs. Eux-même ont fondé une famille de huit enfants, à l’ouest de la ville. Je ne connais pas la place de Marcel parmi ses frères et sœurs, mais il pourrait bien être le benjamin, le fils prodigue, celui qui part et revient pour toujours.
UNE FEMME ÉLÉPHANT
- 2019 • Fanzine La niña la pinta (Consultez ici) >>
- 2013 • NOUVELLES DÉFINITIONS ET AUTRES COLLAGES
AMOUROUSEXE (à partir de "Autres lits, autres paroles") :
J’ai bloqué dans la question de l’amour. L’amour c’est une question qu’on se pose quand on est insatisfait à répétition. Je ne veux pas me donner le trouble de tomber amoureux comme ça pour rien. C’est un peu comme l’art. Je me prête au jeu de quelqu’un d’autre. L’amour, moi l’amour je sais c’est quoi. Ce n’est pas un échange de services. Ce n’est pas un effort. Je le fais par plaisir. Est-ce que je suis prête à faire 8 km pour quelqu’un?Quand tu es loin, tu acceptes le fait de peut-être t’éloigner encore plus. J’ai une culpabilité qui est là.
Le sexe? Ha! Plein des choses! Ça dépend, des fois c’est juste un besoin animal. Des fois c’est un besoin corporel comme aller à la toilette….Pas DANS la toilette…
Des fois, c’est ça, pour tous, peut-être.
Si le sexe implique des sentiments….le plaisir d’être avec l’autre,
qu’à ce moment-là devient l’auuuutreeee…..sssssssspécial, ta moiitiéeeee,
l’autre signifiant, the OTHERS. À ce moment le sexe est divin. C’est pas l’amour.
Du sexe à l’amour? Ça se peut. C’est un chemin….mais ce n’est pas juste ça.
Mais on n’a pas de sexe. On est au lit.
C’est un thé au chocolat? Non, c’est un thé au café.
Mais il a un petit goût au chocolat, ha? Oui.
C’est bien, ha? Je vais faire des images pour toi.
C’est gênant de dire ça.
Le sexe n’a pas de limites, mais la relation met des limites.
Ça c’est la meilleure position. Il ne faut pas bouger.
C’est un des contacts privilégiés le plus satisfaisant. Comme être humain c’est ça que tu devrais faire.
C’est le lieu de l’être humain.
L’orgasme
Le touché
La peau
Les poils
C’est quelque chose que j’aimerais plus vivre de façon amoureuse.
Il est difficile d’en parler avec une complète honnêteté.
On peux-tu ne pas avoir envie?
C’est un besoin, pas comme manger et boire, mais… quand même.
Il faut être capable d’être à l'écoute de nos besoins. On s’arrange. Ça peut être triste. Moi, je suis plus comme une amoureuse que comme une amante. Le désir c’est un élan, plus que le désir du sexe comme tel. J’avoue que… C’est compliqué. Dans tous les couples, c’est comme ça peut-être? C’est la vie quotidienne qui devient la vie avec quelqu’un. C’est une manière de se protéger, de ne pas se donner complètement.
C’est comme si on tombe dans une abîme. Où est le vide pour chaque personne? La névrose du contrôle, … le sexe est de se perdre. C’est toujours un déséquilibre. La réciprocité est nécessaire mais l’égalité est un concept qui ne tient pas dans ce contexte. Ce sont les contraires qui s’attirent et les différences qui sont intéressantes. On n’a plus de contexte pour vivre ça.
Je n’ai pas envie de me forcer.
2 (Dans la situation x) parlons de l'éléphant
Es posible un amor intercultural?
C’est une question d’être d’autre culture ou non?
Il y a moins d’attentes par rapport à la normalité.
On est plus dans la rencontre d’une autre personne.
Je ne suis pas un homme québécois, je suis juste un homme.
Il y a toujours des surprises.
On a des préjugés.
Des difficultés? Oui, c’est clair. Moi, j’imagine que les gens sont assez ouverts.
On s’attend à ce qu’il y ait des différences et non pas des difficultés.
À Montréal, peut-être qu'il y en a moins.
J’ai toujours été attirée par la différence. C’est une source de stimulation.
… sans hiérarchie.
J’étais une Étrangère.
C’est plus une question de personnalité que culturelle.
Je n’ai pas eu des histoires marquantes avec une femme d’autres cultures.
J’ai eu des histoires qui n’ont pas duré, quelques fois.
Déjà une rencontre, c’est difficile.
Je ne peux pas généraliser. Il n’y a pas quelque chose que je peux lier à des codes culturels.
Je pense que c’est plus dans le quotidien, dans la répartition des rôles.
I wish I could speak French better.
I wish I could speak other languages.
I feel limited.
I just… have this feeling about language barrier that I want to overcome.
I’m coming to learn.
Me included.
I feel comfortable with this.
I think for people some time it becomes too much.
Je ne dis pas que ce n’est pas possible.
Ce n’est pas juste la langue mais tout ce qui traîne culturellement.
Déjà c’est difficile en paroles, en mots. C’est comme si culturellement il y a plein de sous-entendus, et ces sous-entendus-là ne sont pas les mêmes d’une culture à l’autre. Si tout n’est pas dit exactement en mots là, un mot après l’autre, il y a tellement d’incompréhension. Je me sentais complètement incomprise. On aurait dit qu’il aurait fallu qu’il me raconte tellement tellement tellement de choses. C’est un défi de grand taille. En même temps, c’est très intéressant. Si tu aimes vraiment quelqu’un, puis que les deux veulent que cet amour-là marche, il y a un moyen de se comprendre, mais c’est juste que c’est plus difficile qu’avec ton voisin qui a grandi sur la même rue, qui a vu arriver les mêmes événements dans l’histoire de ton pays, qui a vu les mêmes émissions à la télé quand il était jeune. Il y a vraiment un défi supplémentaire.
Il y a beaucoup de préjugés à surmonter. C’est facile à dire…
Je n’ai jamais eu à vivre de différences culturelles importantes avec une amoureuse.
Elle était déjà intégrée.
Des fois ça m’agace de ne pas être comprise immédiatement. Souvent, il me fait répéter.
Je ne pouvais pas être avec quelqu’un avec qui je ne pouvais pas parler ma langue maternelle. Même si je n’ai pas de problèmes à parler la langue de l’autre. Pour des raisons politiques à Montréal, à moment donné, il y a des limites…
Lui, son rapport à ma culture est voulu.
J’ai fantasmé sur ça et je ne l’ai jamais fait.
Je suis blasée face à ma culture.
Je suis blasée face à ma ville.
Je vis dans ma tête, je ne vois plus ma ville.
Son rapport face à ma culture est différent.
Son rapport à ma ville est différent, ça demeure une ville nouvelle.
C’est le regard de l’autre sur ma culture.
Comment croire qu’ils savent vraiment avec qui ils sont?
Quand je parle l’autre langue, il y a quelque chose qui me transforme. Je ne suis plus tout à fait la même. On a des personnalités différentes selon la langue qu’on parle, mais c’est toujours nous.
On est l’un et on est l’autre et l’autre aussi.
Ça apporte une distance inévitablement.
Il y a toujours une distance. Il y a toujours un petit ajustement à faire par rapport à l’autre. On ne peut rien tenir pour acquis. On ne peut jamais être complètement sûr qu’on va être compris.
Cet espèce d’ajustement continuel…
Il peut provoquer parfois une sorte d’humour.
Ça peut provoquer aussi de la frustration.
Le malentendu, indépendamment des différences culturelles, c’est la grosse affaire dans les relations.
(Ce texte à fait partie du "show de la femme éléphant : un coït multiculturel", décembre 2013).
LA BRUJA ; une face de la démarche d'artiste.
*Paula, la sorcière, la bruja, 2008.
Paula De Eguiluz est née esclave en 1591 à Santo Domingo, en République Dominicaine. À l’âge de treize ans, elle est offerte comme paiement d’une dette, et est séparée de sa mère pour aller servir à Juan Nieto Criollo. Plus tard, Ynigo de Otaco l’achète et l’amène vivre à Puerto Rico où victime de jalousie, elle est envoyée à la Havane et achetée par Joan De Eguiluz, dont elle aura trois enfants.
« Mi vientre está inflado, cansado de esos niños que dejé ir. En mi vida estuvo Joan, pero antes estuvo Ynigo y luego otros hombres, blancos, negros africanos, indios. En Cartagena tuve otros hijos, mi voz está dispersa en esa ciudad, en el Caribe ».
À 33 ans, Paula est accusée, pour la première fois, de pratiquer la sorcellerie. De nouveau la jalousie intervient dans son destin; des rumeurs circulent à l’effet qu’elle aurait envoûté son patron Joan De Eguiluz. Elle est déportée à la ville de Cartagena de Indias et jugée par les tribunaux de l’Inquisition. Elle est condamnée à 200 coups de fouet par les juges de l’Église : des hommes exclusivement. Cet épisode était un de plus dans l’histoire d’intimidation que l’ordre catholique espagnol impose à la ville de Cartagena et aux pays des Caraïbe.
« Maldito verdugo, te sientes seguro detrás de esa máscara, cobarde, seguirás comiendo de tu miseria. Dame tu mejor golpe, porque no será suficiente para mi venganza, tu mujer parirá los hijos de otro, tu paga será la ignorancia. En tus momentos de soledad oirás cantar los sapos y sentirás el abandono con un desasosiego insoportable».
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ESPINARIO, 1996 - 2000
Peinture et dessin
"Je devais avoir douze ans. J’étais à la bibliothèque de l’école, assise par terre comme les autres filles de ma classe, toutes en uniforme. Nous écoutions le curé Fenoi, un prêtre aux allures de saint. Il était venu d’Espagne pour nous apprendre la doctrine catholique. Cet après-midi-là, il nous expliquait la douleur que le Christ avait ressentie pendant la crucifixion. Il nous a décrit, en détails et avec des gestes, les maux que Jésus devait ressentir lorsqu’il portait la couronne d’épines. Sa performance était magnifique. Il voulait qu’on imagine la scène et nous l’avons fait. Sa présence se mêlait à celle de Jésus. Il était là avec nous. Il saignait et ressentait la douleur des épines enfoncées dans son front. L’importance de ce récit consistait à nous faire comprendre que c’était pour nous qu’il avait fait cela. Le Christ nous avait sauvés d’un châtiment pour un pêché qu’on ignorait. On nous disait que la cause était la désobéissance et la fornication, ce dont nous ne savions rien. Nous avons quitté la bibliothèque en silence, avec le poids de la culpabilité sur les épaules, un fardeau qui allait embrunir nos pensées à tout jamais.
Quinze ans plus tard, j’étais en train de défaire des couronnes d’épines en peinture et en dessin. Mes questionnements autour de la quête d’une vie spirituelle à travers la douleur et le sacrifice ont été transposés en une déconstruction permanente de la couronne d’épines par la représentation de taches de couleur, de gestes, (1996-1999), de formes et d’objets : "Une couronne pour Cendrillon ; un conte de fesse” (2002)". Helena Martin Franco, "Le déphasage identitaire et le récit autofictionnel..." 2009.Helena Martin Franco: Le déphasage identitaire et le récit autofictionnel comme moyen de questionner les mécanismes de contrôle du corps dans une pratique hybride de la vidéo-performance, de la photographie et de l’installation.
UQAM, Faculté des artsMaîtrise en arts visuels et médiatiques. Le texte disponible à la bibliothèque de l'université.
VIDÉO TEXTES
1262 mots assis entre deux chaises, 2021 (À venir)
Absence à main levée – Geste charnièr
Vidéo démarche d'Absence à main levée, réalisée dans le cadre d'Incandescences. 2021
SATURATIONS INVISIBLES
Cette vidéo a été créée pour le collectif internationa FemLink-ART. Il fait partie de la composition vidéo nommée
"DANGER" 2021
FAUX-DIRE
Une confession d'une femme éléphant
La vidéo a fait partie d'aluCine Latin Film + Media Arts Festival. Toronto. 2020
La démarche artistique d'une femme éléphante en vidéo >>
( Durée 4’01) 2013